Cartophilie : la villa bénie de Jules Verne

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Après la villa maudite du Cap d'Antibes (voir ICI), voici celle où, au contraire, Jules Verne tourna quelques unes des meilleures pages de sa vie. Appelée aujourd'hui La Solitude, cette belle maison de deux étages est située au 9 de la rue Jules Verne (autrefois rue Lefèvre) du petit port de pêche Le Crotoy, dans la Baie de Somme.


Jules Verne vécut ici avec femme et enfants durant près de deux ans, de mars 1869 à février 1871. "Ah, mon cher ami", écrivait-il à Hetzel, "Ici tout va bien ! La vareuse, les galoches, l'air de la mer, le bateau, Le Crotoy, c'est ma santé à moi ! Ce qui m'enrhumerait à Paris me désenrhume ici !".

De fait, le climat semblait lui convenir parfaitement puisque, telle une "bête de Somme", comme il se qualifiait lui-même non sans humour, c'est là qu'il termina, écrivit entièrement ou commença, pas moins de huit de ses ouvrages : Vingt Mille Lieues sous les Mers, Autour de la Lune, Une Ville Flottante, Histoire des Grands Voyages et des Grands Voyageurs, Le Chancellor, Aventures de Trois Russes et de Trois Anglais, Le Pays des Fourrures, ainsi que L'Oncle Robinson, qui deviendra plus tard L'Ile Mystérieuse. On murmure d'ailleurs, à propos de cette dernière, que La Baie de l'Union, où atterrirent les naufragés de l'air, pourrait bien avoir eu pour modèle la Baie de Somme. Comment ne pas faire le rapprochement en effet entre l'imaginaire Cap des Mandibules de l'Ile Lincoln et le bien réel site du Bout des Crocs, devenu le Cap des doigts griffus (photo ci-dessous) de cette superbe baie ?

Ajoutons que c'est également là, dans ce havre de paix, qu'il fit construire son premier bateau, le Saint-Michel, qu'il pouvait presque apercevoir de sa fenêtre lorsqu'il était amarré dans le petit port.

Si vous souhaitez en savoir beaucoup plus à ce sujet, ne manquez pas de lire l'excellent petit ouvrage de Philippe Valetoux, "Dans le sillage de Jules Verne au Crotoy", publié l'année dernière à compte d'auteur et au profit de la Société Nationale de Sauvetage en Mer.

Les cartophiles verniens, en revanche, sont beaucoup moins heureux au Crotoy que ne le fut Jules Verne. Il semble en effet qu'il n'existe aucune carte postale ancienne (début du XXe siècle) représentant précisément cette villa qui lui fut si chère. Il faut donc se contenter des "semi-modernes", comme celle-ci par exemple, ou encore la suivante, une "multivues" des années 70 où elle apparaît en bas à droite.

Addendum : il y a aussi cette autre carte, qui vient de m'être envoyée par Claude Elouard pour compléter cet article. Mais il faut préciser que, contrairement à ce qu'indique sa légende (et même la plaque apposée sur la maison), c'est bien à partir de 1869 - et non pas 1865 - que Jules Verne a commencé à louer cette villa. Ceci a été établi par Philippe Valetoux, qui l'a relaté dans son ouvrage précité.