De Michel Tournier (Ecrivain, grand Prix du roman de l'Académie Française en 1967, Prix Goncourt en 1970, Membre de l'Académie Goncourt en 1972, Médaille Goethe en 1993, Docteur Honoris Causa de l'Université de Londres en 1997). Interviewé par le Nouvel Obs :Nouvel Obs – Dans vos « Vertes Lectures », vous célébrez Jules Verne…
M. Tournier. – Je vous arrête. Je suis aujourd’hui, comme par hasard, plongé dans «le Tour du monde en quatre-vingts jours». Ce livre fait jouer l’opposition entre les deux sens du temps : le temps de l’horloge – quatre-vingts jours, pas une minute de plus – et le temps qu’il fait, la météorologie, parce qu’il ne faut pas qu’il y ait tout le temps des tempêtes et du brouillard si on veut faire le tour du monde en quatre-vingts jours. J’ai noté que cette identité du mot «temps», qui veut dire météorologie et temporalité, n’existe pas en anglais (weather, time) ni en allemand (Wetter, Zeit). Ce sont les Français qui mélangent les deux. Il y a une trouvaille extraordinaire dans «le Tour du monde en quatre-vingts jours», c’est le nom du héros: Phileas Fogg – le brouillard en anglais. Comment peut-il s’appeler «Brouillard», ce monsieur qui ne vit que par sa montre et qui veut faire le tour du monde en quatre-vingts jours contre vents et marées ? Alors, l’idée que je me suis mise en tête, c’est que son valet Passepartout, qui le sort de toutes les situations, est un «dé-brouillard». Et je suis en train de relire le roman pour y dénicher le mot «débrouillard». Comme pour m’exaspérer, je plonge dans le grand dictionnaire de la langue française en sept volumes, et je cherche «débrouillard». Il y a la définition du mot et deux citations littéraires. Seulement deux ! Dont une de Jules Verne dans «l’Ile mystérieuse» ! Quel écrivain! C’est absolument fabuleux de force, de drôlerie, d’humour.
M. Tournier. – Je vous arrête. Je suis aujourd’hui, comme par hasard, plongé dans «le Tour du monde en quatre-vingts jours». Ce livre fait jouer l’opposition entre les deux sens du temps : le temps de l’horloge – quatre-vingts jours, pas une minute de plus – et le temps qu’il fait, la météorologie, parce qu’il ne faut pas qu’il y ait tout le temps des tempêtes et du brouillard si on veut faire le tour du monde en quatre-vingts jours. J’ai noté que cette identité du mot «temps», qui veut dire météorologie et temporalité, n’existe pas en anglais (weather, time) ni en allemand (Wetter, Zeit). Ce sont les Français qui mélangent les deux. Il y a une trouvaille extraordinaire dans «le Tour du monde en quatre-vingts jours», c’est le nom du héros: Phileas Fogg – le brouillard en anglais. Comment peut-il s’appeler «Brouillard», ce monsieur qui ne vit que par sa montre et qui veut faire le tour du monde en quatre-vingts jours contre vents et marées ? Alors, l’idée que je me suis mise en tête, c’est que son valet Passepartout, qui le sort de toutes les situations, est un «dé-brouillard». Et je suis en train de relire le roman pour y dénicher le mot «débrouillard». Comme pour m’exaspérer, je plonge dans le grand dictionnaire de la langue française en sept volumes, et je cherche «débrouillard». Il y a la définition du mot et deux citations littéraires. Seulement deux ! Dont une de Jules Verne dans «l’Ile mystérieuse» ! Quel écrivain! C’est absolument fabuleux de force, de drôlerie, d’humour.
Et aussi... le Jules de Lili (jeune architecte blogueuse) :
"J'ai un jules que je garde pour moi. Il m'accompagne tous les soirs au lit et m'aide à trouver le sommeil. Son nom est Verne. Jules Verne. Je ne sais pas pourquoi mais il exerce sur moi une fascination incroyable et ce depuis toujours. En deux mots, je suis totalement dans son monde, luttant contre des bêtes féroces avec Godfrey sur "l'Ile des Robinsons", me baladant sur le pont du ballon à hélices de "Robur le Conquérant", explorant les carrières secrètes des "Indes Noires", faisant les yeux doux à Philéas Fogg...
C'est un génie incroyable, terriblement visionnaire...la vie à ses côtés devait être passionnante, palpitante, magique !"
Lien : Blog de Lili
1 commentaire:
On retrouve le mot "débrouillard" dans l'oeuvre de Jules Verne, ici:
Le testament d'un excentrique (p 52,150,431)
César Cascabel (p 19,322)
L'invasion de la mer (p 67,79)
Claudius Bombarnac (p 108)
Clovis Dardentor (p 48)
Édom (p 8)
L'éternel Adam (p 7)
L'île à hélice (p 39)
L'île mystérieuse (p 15)
Kéraban-le-têtu (p 157)
Le volcan d'or (p 67)
référence des numéros de pages:
http://jules-verne-collection.blogspot.com/
référence de ce commentaire et du cédérom de collection pour la recherche:
http://www.RenePaul.net
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